Proximité et foisonnement

Embrasser la multitude a été un travail de longue haleine. Divisée entre plusieurs carrières, territoires, origines, dont chacune aurait pu être un destin à soi, je me suis laissée aller longtemps au gré des travaux et des jours. Aujourd’hui je chéris cette multitude, ce foisonnement qu’est la vie, vibration musicale présente en tout être, soi-disant vivant ou pas (et pourquoi reléguer les minéraux si loin de la vie, derrière plantes et animaux, alors qu’ils en sont l’origine et l’alphabet?).

À l’art qui proclame, je préfère les messages conçus au fond des entrailles. Leur enfant est une surprise, le premier cri, des émotions sans nom. De quoi peut-on parler? sinon jouer avec ce qui nous est le plus proche… J’ai envie d’écouter l’eau toujours changeante, dont les dynamiques confondent les meilleurs physiciens, les végétaux, royautés méconnues de notre planète, les corps et les visages, émouvants réceptacles d’un élan fragile, les espaces naturels, lieux où la présence humaine revient à sa juste dimension : quasi insignifiante. 

Car que sommes-nous face à l’étendue spectaculaire, inconcevable, du temps et de l’espace ? Que sommes-nous sinon cette capacité de vibrer à l’unisson?

Francesca Alongi

Paris, février 2022